Les Saisons n’est pas un film sur l’Arménie. C’est un poème universel qui touche à l’essence
du vivant : la terre, ses fruits comme une manne qui se mérite ; le monde animal, ses frictions
âpres et allègres avec l’espèce humaine ; le paysan comme un emblème noble de nos luttes et
de nos fragilités d’homme, de nos fraternités nécessaires ; les astres, leur course sans faute et
la ronde des temps qui s’ensuit.

Ainsi, l’image nous tend généreusement les bras, qui que nous soyons, où que nous vivions.
Elle nous précipite dans les pentes, dans le lit des torrents mugissants, au plus près d’une
nature tendre ou rude, comme au sein d’une mémoire à laquelle personne n’échappe. Le
sourire irrépressible que provoque ce voyage résonne avec une joie profonde, existentielle.

Avec la musique créée par Benoît Tabita et qu’il interprète sur scène, la main tendue par les
images de Pelechian confine à l’accolade. Sa texture pop rock envoûte, par sa teneur
mélodique, ses boucles, ses accents psychédéliques. L’ivresse qu’elle suscite, sur le sédiment
palpitant des paysages et de l’artisanat des hommes, finit par mouiller les yeux. Jamais
captive de la velléité illustrative, la guitare réinvente au film, dans son ombre désirée, un
battement propre qui lui apparaît puissamment enharmonique et qui finit par l’éclairer. Ce
compagnonnage esquisse un lieu vibrant d’une humanité simple et sincère, et pour tout dire,
irrésistible.
                                                                                                                                   Antoine Choplin
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